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Viande bovine Produire de très jeunes bovins salers

Dominique Tourde et son fils Romain ont développé la production de très jeunes bovins salers pour une filière sous contrat du groupe Altitude.

Avec un troupeau en race pure, la famille Tourde a troqué la production de broutards croisés exportés pour de très jeunes bovins salers valorisés localement.

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L’installation de Romain Tourde avec ses parents en 2017 a entrainé une modification du système d’exploitation. En effet, le jeune homme souhaitait élever des salers en race pure pour constituer un troupeau de bonne valeur génétique. L’opportunité simultanée de produire de très jeunes bovins (TJB) mâles salers pour une filière du groupe Altitude a permis de franchir le pas.

« Alors qu’il est difficile de valoriser des broutards salers purs à l’exportation, finir les mâles pour une filière locale est un challenge intéressant, tant sur le plan technique qu’économique, précisent les éleveurs. Au bout de cinq ans, ils ne regrettent pas leur choix. " L’objectif est de produire 50 TJB cette année contre 37 en 2022."

Trois périodes de vêlage

Dominique Tourde n’en est pas à sa première évolution de système. À son installation, il a commencé par traire des salers et fabriquer du fromage, pour ensuite constituer un double troupeau de salers et de montbéliardes. Seul après le départ de ses parents, il met en place un troupeau allaitant de 100 salers, toutes croisées avec du charolais pour produire des broutards alourdis et des babynettes de 16 mois à 500 kg vifs. « Les nouveaux défis sont stimulants, sourit l’éleveur. Nous sommes au contrôle de croissance depuis cinq ans et nous avons inscrit le troupeau au Herd-Book salers dans la foulée. »

© Monique Roque Marmeys - Les jeunes mâles reçoivent une ration de foin de légumineuses, de céréales et de maïs.

Alors que trois quarts des vaches vêlaient à l’automne et un quart en hiver avant 2017, les éleveurs étalent aujourd’hui les naissances sur trois périodes afin de mieux répartir leur production de jeunes mâles. Cela règle aussi un problème de place en bâtiment, car le troupeau est passé de 110 à 140 mères. « 60 vaches vêlent en août et septembre, 60 autres en décembre et janvier et les 20 dernières en février-mars, commente Romain. Les génisses vêlent entre 26 et 30 mois. La gestion des lots est un peu plus compliquée mais nous avons peu de veaux malades. »

« Les veaux mâles engraissés ont un GMQ de 1,2 kg de la naissance à dix mois ».

Les veaux sont triés au sevrage sur leur conformation et leur développement. Ils sont allotés par six pour une période de six à sept mois d’engraissement. Leur ration quotidienne est composée de 6 kg de foin de légumineuses (trèfle ou luzerne), 2 kg de céréales et 3 kg de maïs épi. « Produire la meilleure ration possible au coût le plus accessible est devenu un vrai casse-tête car nous enchaînons depuis cinq ans des sécheresses et des dégâts de rats taupiers. Notre coût de ration varie de 2,10 à 2,50 €/j/tête en fonction de nos récoltes et de nos opportunités d’achat. »

Prix garanti sur six mois

Les TJB sont vendus à un poids moyen de 650 kg vifs pour 380 kg de carcasse à 17 mois d’âge moyen. La marge brute oscille entre 250 et 350 € par tête. Les éleveurs apprécient la proximité de l’abattoir Covial du groupe Altitude à Aurillac. Une partie des carcasses est valorisée en steak haché racial dont la demande est croissante. « Le prix de vente des TJB est garanti sur six mois en fonction du cours du broutard et de celui de l’alimentation. Nous avons une visibilité qui n’existe pas sur le marché du broutard. Alimenter un marché de qualité et de proximité amené à se développer est aussi une source de satisfaction », souligne Romain.

L’amélioration du cheptel conduit en race pure, grâce à un choix raisonné du renouvellement et des taureaux utilisés, permet la vente de femelles pour la reproduction. La demande soutenue dont elles font l’objet est à leurs yeux une reconnaissance de ce travail de sélection. Toujours sur la voie femelle, trente génisses sont gardées pour le renouvellement et huit engraissées en babynettes (abattues à 16 mois, 330 kg de carcasse). Trente réformes sont vendues engraissées sur la filière label rouge salers si elles ont moins de dix ans. « Nous pensons évoluer de manière cohérente par rapport aux attentes sociétales et environnementales avec une production d’animaux jeunes et destinés à des filières locales plutôt qu’à l’export. Nos choix vont aussi de pair avec la viabilité de notre exploitation et de notre métier », soulignent les éleveurs.

Un contrat qui sécurise la marge

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